Les apnées du sommeil : un enjeu de santé publique et le rôle de la kinésithérapie
À l’occasion de la 25ᵉ Journée mondiale du sommeil, qui aura lieu le 14 mars, focus sur le Syndrome d’Apnées Hypopnées Obstructives du Sommeil (SAHOS), une pathologie qui touche une part croissante de la population et représente un véritable défi de santé publique. En parallèle des traitements conventionnels, la kinésithérapie se positionne comme une approche complémentaire, à la fois préventive et thérapeutique.
Le SAHOS : un trouble ventilatoire aux conséquences multiples
Le SAHOS se caractérise par des arrêts ou réductions de la respiration pendant le sommeil, causés par l’obstruction des voies aériennes supérieures (VAS). Ces interruptions, qui durent au moins 10 secondes et se produisent plusieurs fois par heure, sont liées au relâchement des parois du pharynx.
Certains facteurs favorisent ce phénomène :
- Anatomiques : amygdales volumineuses, hypotonie de la langue et du voile du palais.
- Médicaux et comportementaux : âge, surpoids, consommation d’alcool et de tabac.
Les hommes sont environ deux fois plus touchés que les femmes, mais cet écart se réduit après la ménopause. Avec l’avancée des diagnostics, la prévalence du SAHOS ne cesse d’augmenter : en 2013, entre 2 et 5 % de la population française était concernée, contre 4 à 10 % en 2020.
Quels sont les risques pour la santé ?
Le SAHOS ne se limite pas aux ronflements et à la fatigue. Il entraîne des conséquences sérieuses :
- Somnolence diurne pouvant provoquer des accidents.
- Problèmes métaboliques (diabète, obésité).
- Atteintes cardiovasculaires (hypertension, AVC).
- Troubles neurologiques (perte de mémoire, dépression).
Les traitements existants
La prise en soins gold standard repose principalement sur la ventilation par pression positive continue (PPC), qui maintient les voies aériennes ouvertes. Bien qu’efficace, elle présente des inconvénients : coût élevé, inconfort, abandon du traitement dans 20 % des cas.
Un coût important pour l’assurance maladie :
Parmi les patients atteints de SAHOS, en 2011 environ 450 000 personnes étaient traitées par PPC pour un cout estimé par l’assurance maladie à 450 millions d’euros. 700 000 patients étaient traités par PPC en 2020
Des alternatives existent :
- Mesures hygiéno-diététiques : perte de poids, arrêt du tabac et de l’alcool.
- Orthèses d’avancée mandibulaire (OAM) : elles positionnent la mâchoire pour dégager les VAS.
- Chirurgie : réduction du voile du palais, avancée de la mâchoire ou de l’os hyoïde.
La kinésithérapie : un rôle préventif et thérapeutique
Peu connue dans ce domaine, la rééducation maxillo-faciale constitue une alternative pour les patients ne tolérant pas la PPC. Elle vise à renforcer les muscles impliqués dans la respiration et la déglutition :
- Rééducation linguale et vélaire : amélioration du tonus de la langue et du voile du palais pour limiter l’obstruction des VAS.
- Travail sur la mastication, la respiration et la phonation pour stabiliser les résultats de la rééducation linguale et vélaire.
La kinésithérapie joue également un rôle clé dans le dépistage, la prévention et la réorientation des patients.
L’objectif de la prévention est de limiter tous les facteurs résultant à une obstruction des VAS :
Lors du bilan, nous identifions les signes morphologiques évocateurs du SAHOS :
- Taille des tonsilles (amygdales)
- Faciès adénoïdiens pour les enfants (voir photo en bas de l’article), troubles de croissance faciale (ex palais en ogive), freins de langue courts créant des ankyloglossies.
Les signes cliniques sont :
- Nocturnes : ronflements, nycturie ou énurésie, cauchemars, sommeil non réparateur ou agité, bavage, bruxisme, transpiration
- Diurnes : irritabilité, troubles mnésiques, troubles de la concentration, maux de tête, somnolence
En présence de plusieurs de ces signes, le kinésithérapeute oriente le patient vers un médecin pour avis d’une réalisation d’une polysomnographie ou d’une polygraphie ventilatoire nocturne, afin de diagnostiquer un SAHOS.

Emilie ALAUZET,
MKDE et rééducation maxillo-faciale – Lorrez-le-Bocage-Préaux

Emilie ALAUZET,
MKDE et
rééducation maxillo-faciale

DATE DE PUBLICATION
10 février 2025
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