Le Médibus : un centre de santé mobile dans le Sud Seine-et-Marne

Le 20 mars dernier, la Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) Sud 77 présentait à Nemours, devant les élus locaux, un projet innovant : le Médibus, un centre de santé itinérant destiné à améliorer l’accès aux soins dans les zones les plus en tension du territoire.

Une idée née sur le terrain

C’est au sein du groupe de travail « Améliorer l’accès à un médecin traitant », animé par la Dr Sophie Brossier (MSPU de Fontainebleau) que l’idée d’un centre mobile de consultations a émergé, en mars 2024. Inspirée d’expériences similaires en France, le MÉDIBUS sera le tout premier centre de santé itinérant en région Île-de-France.

Le principe est simple mais ambitieux : aller au-devant des patients sans médecin traitant, en particulier ceux atteints d’une affection de longue durée (ALD), en leur proposant des consultations de médecine générale à bord d’un bus aménagé.

« Notre territoire compte près de 200 000 habitants, dont 1 700 patients en ALD sans médecin traitant. Et la répartition des médecins généralistes y est très inégale », souligne Céline Raclot, directrice de la CPTS Sud 77. « Ce bus contribue à répondre à une priorité essentielle de notre mission : l’accès aux soins. »

Un projet déjà bien engagé

Les médecins adhérents de la CPTS Sud 77 ont eu l’idée, l’association a porté le projet et a créé une seconde association, Médibus Sud 77 qui assurera le fonctionnement du centre de santé mobile, désormais labellisé par l’Agence Régionale de Santé (ARS), doté d’un numéro FINESS pour l’exercice médical.

Le Conseil départemental, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) 77, la Mutualité Sociale Agricole (MSA) et Université Paris-Est Créteil (UPEC) ont apporté leur soutien au travers de divers financements dont trois appels à projets.

Un bus pensé pour la consultation

Le Médibus, en cours de commande, devrait coûter environ 190 000 , incluant l’achat et l’aménagement intérieur répondant au cahier des charges d’un centre de santé. Il comprendra deux espaces distincts : une zone d’attente et de pré-consultation, et une salle de consultation avec sortie indépendante, pensée pour fluidifier le passage des patients.

Une organisation souple et solidaire

Une dizaine de médecins généralistes se sont déjà portés volontaires pour participer au projet, sans compter les médecins récemment retraités, les internes et bientôt les docteurs juniors qui pourront venir grossir le pool des intervenants. Tous les médecins généralistes seront salariés du centre de santé itinérant dans le cadre de vacations. Trois assistant(e)s médicales viendront compléter l’équipe : deux embarquées dans le bus, une dédiée à la gestion administrative depuis les bureaux partagés avec la CPTS Sud 77.

« L’objectif est de décharger les médecins de toute contrainte administrative pour qu’ils puissent se concentrer uniquement sur la prise en charge médicale », explique Céline Raclot.

Point important : c’est le centre de santé qui sera officiellement déclaré médecin traitant des patients, et non les médecins individuellement, afin de limiter l’extension des files actives personnelles, souvent un frein à l’engagement.

Une porte ouverte à d’autres professionnels

À terme, le Médibus pourrait accueillir d’autres professionnels de santé : sage-femmes, médecins spécialistes ou encore intervenants en prévention. Il deviendra aussi un support pour des campagnes de prévention portées par la CPTS Sud 77 ou le centre de santé.

Un adressage réfléchi

L’accès au Médibus ne se fera pas par prise de rendez-vous directe. Les patients devront être adressés par un professionnel de santé du territoire, garantissant une orientation cohérente vers les situations les plus urgentes, tout en soulageant les praticiens locaux surchargés. Une fois inscrits, les patients bénéficieront d’un parcours de soins classique via le secrétariat du centre.

Où ira le Médibus ?

Les trajets du Médibus ne sont pas encore fixés, mais il stationnera dans les communes les plus déficitaires en offre de soins. Les points d’arrêt devront répondre à des critères précis qui ont été exposés aux élus des collectivités: branchement électrique, un espace d’attente, des sanitaires et éventuellement un bureau équipé pour accueillir un interne en médecine générale.

Pérennité et défis financiers

Comme beaucoup de centres de santé, le Médibus devra relever le défi de la pérennisation. Les recettes issues de la facturation des consultations ne suffiront pas à équilibrer les comptes. Des financements extérieurs seront donc indispensables.

« La CPTS a prévu un soutien financier annuel, notamment via sa mission ‘accès aux soins’, ainsi qu’ un appui logistique et la mise à disposition de ses locaux », précise Céline Raclot. « Nous comptons sur l’engagement et le soutien des cinq Communautés de Communes du territoire, ainsi que de l’UPEC ».

Une mobilisation territoriale exemplaire

Ce projet, salué unanimement par les élus locaux, l’ARS et même la préfecture de Seine-et-Marne, incarne un engagement fort des professionnels de santé et une solidarité territoriale.

Les prochaines étapes seront décisives : recrutement des assistant(e)s médicales, mobilisation de nouveaux médecins volontaires (même ponctuellement), et sécurisation des financements à long terme.

Trois axes structurent le projet :

  1. L’amélioration de l’accès aux soins
  2. La prévention et l’éducation à la santé
  3. L’attractivité du territoire

Le lancement des premières consultations est prévu pour le premier trimestre 2026.

DATE DE PUBLICATION

24 juin 2025

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